Vers une utilisation des logiciels libres au Barreau de Bruxelles

Par Me Elise Hecq, avocate au barreau de Bruxelles et membre de l’Incubateur

La digitalisation de notre profession va de pair avec la multiplication des logiciels présents sur le marché. Dans le monde de l’informatique, une grande distinction s’opère entre les logiciels libres et les logiciels dits « propriétaires » que nous utilisons le plus souvent.

Mais quelle est la différence entre le logiciel libre et le propriétaire et que cela change t ‘il pour un avocat ?

Les logiciels libres (dont la popularité s’est développée dans les années 90) ont comme caractéristiques essentielles de pouvoir être utilisés, étudiés, modifiés et redistribués par le licencié lui-même, c’est-à-dire nous ou notre informaticien direct.

En effet, d’un point de vue technique, leurs développeurs distribuent, souvent gratuitement, non seulement le code exécutable du logiciel (sa version finie  qui tourne sur nos machines), mais également son code source permettant à l’utilisateur de :

  • Le modifier (dans les limites du droit d’auteur du développeur) ;
  • L’étudier et intégrer dans d’autres logiciels ;
  • D’avoir une solution pérenne non soumise à des mises à jour obligatoires ;
  • D’avoir une interopérabilité (différents outils efficaces concentrés en un seul point);
  • De compter sur une communauté d’utilisateurs.

Ces caractéristiques s’opposent à celle des logiciels fermés/propriétaires qui ne sont distribués que sous la forme d’un code exécutable payant. Dès lors, toute copie ou modification du logiciel est interdite et leurs utilisations et mises à jour sont onéreuses.

En outre, on pense souvent que les logiciels libres ne sont pas couverts par des droits d’auteur mais il n’en est rien. En effet, leurs développeurs font le choix de renoncer à la plupart des droits d’auteur et ouvrent leur usage par une licence choisie garantissant les libertés susmentionnées. Ils permettent alors, dans les grandes lignes, de reprendre le contrôle de leurs outils informatiques.

Maintenant que la différence entre libre/propriétaire est plus limpide, nous allons voir comment effectuer un choix entre ceux-ci et quelles en sont les implications.

Sans toujours être gratuit (même si ceux que nous présentons ci-dessous le sont), le coût d’un logiciel libre est bien souvent plus limité. Ils assurent l’innovation en mettant la technologie entre les mains de tous les individus désirant s’y impliquer et renforcent de ce fait, la libre concurrence.

Les logiciels libres ne sont pas pour le moins parfaits et c’est souvent le licencié qui assume la qualité et les performances du logiciel. Il s’agit, en quelque sorte, du revers de la médaille d’une totale liberté de modification et d’adaptation du logiciel, des bugs pouvant apparaître. Ces dysfonctionnements sont pour le moins limités, la communauté d’utilisateurs permettant de trouver les problèmes et les solutions ! Par exemple, les serveurs d’IBM tournent sur Linux et ce système d’exploitation bénéficie donc du support d’IBM. Au demeurant, les logiciels propriétaires ne sont pas exempts de bugs non plus, ainsi que nous avons déjà tous pu en faire l’amère expérience.

La lecture de fichiers de logiciels libres par des logiciels propriétaires peut rencontrer des difficultés mineures, telles que l’inadéquation des mises en forme ou des polices, mais ce problème peut être réglé par de petites manipulations.

La multiplication des logiciels libres rend également difficile le choix, ce qui nécessite,  avant de se lancer, la réalisation d’une analyse approfondie de chaque logiciel. Mais nous vous livrons ci-dessous une première analyse, certes subjective.

Les logiciels propriétaires, quant à eux, peuvent s’avérer plus efficaces et plus sûrs mais il faudra garder à l’esprit que certaines entreprises propriétaires (les GAFAM pour ne pas les citer), ont parfois accès aux activités et données des utilisateurs. Ceci est particulièrement choquant  quand on est soumis au secret professionnel. Par ailleurs, ils peuvent également restreindre le partage avec d’autres ou limiter certaines utilisations… aux dépens de notre liberté.

Que l’on choisisse un logiciel propriétaire ou un logiciel libre, si vous ne voulez pas faire les installations, mises à jour ou maintenances vous-mêmes, vous pourrez faire appel à des prestataires de services payants, même s’il s’agit de logiciels libres.

Pour conclure, nous pensons qu’il est important que dans le cadre d’une réflexion de mise en place d’outils numériques au sein de notre profession d’avocat/cabinet, les logiciels libres soient également examinés à côté des logiciels propriétaires qui, sur du long terme, peuvent créer des problèmes et ne permettent pas de maîtriser les coûts. Ces logiciels libres forment des alternatives concurrentielles à ce que nous connaissons, de gré ou de force, sur nos ordinateurs. De plus, ces logiciels renforcent la coopération, notamment au travers de communautés d’utilisateurs et la transparence, au niveau du respect du Règlement Général de Protection des Données.

On rappelle que les outils de visioconférences tels que Microsoft Teams, Google Meet, Skype ou encore Zoom ne sont pas tous conformes aux textes consacrant la protection des données (selon le Conseil des barreaux européens).

Enfin, afin de découvrir facilement les logiciels libres, et de sortir de sa zone de confort, vous trouverez ci-dessous un tableau récapitulatif des alternatives aux logiciels propriétaires couramment utilisés dans le cadre de notre profession.

 

Logiciels propriétaires Logiciels libres
Microsoft Office (Word, Excel et Powerpoint) LibreOffice  (Writer, outil d’ailleurs utilisé pour la rédaction de cet article, Calc et Impress), Abiword
Google Drive Nextcloud (stockage et partage de fichiers)
Google Maps Openstreetmap
Whatsapp Signal
Google Chrome, Edge, Safari Firefox (le petit renard)
Windows Linux
Outlook Thunderbird
Norton Antivirus/ Mcafee Claimwind

 

https://fr.libreoffice.org/download/telecharger-libreoffice/

https://www.abisource.com/

https://nextcloud.com/

https://www.openstreetmap.org/#map=8/50.510/4.475

https://signal.org/fr/download/

https://www.linux.org/

https://www.thunderbird.net/fr/

 

 

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